FreakAngels par Warren Ellis

Récemment, je me suis lu les dix premiers épisodes de la série FreakAngels par Warren Ellis, un des meilleurs scénaristes de comics de sa génération. L’homme qui fait d’Authority un succès interplanétaire dans lequel un crypto-Batman embrassait un crypto-Superman à pleine bouche (j’ai mis un C à « crypto », pas un K, bande de gros dégueulasses).

« Il y a 23 ans, douze enfants étranges sont nés en Angleterre, exactement au même moment.
Il y a 6 ans, ce fut la fin du monde.
Voici l’histoire de ce qui se passa après. »

C’est ainsi qu’Ellis entame son histoire. Ambiance post apocalyptique ? Pas vraiment. Après le premier épisode, on se dit que le monde tel qu’on le connaît est un peu parti en couille mais à quel point, on ne le sait pas. Pas encore, en tout cas.

Le découpage en planches de 4 cases de la même forme est particulièrement chiant. Quitte à faire des quarts de pages, autant afficher ça comme une suite de pleines pages, à la limite, ça sera plus facile à lire. On se niquera moins les yeux.

Je suis assez étonné qu’un écriveux de la trempe de Warren Ellis se laisse imposer (se l’impose-t-il lui-même ?) un tel carcan narratif qui ne se justifie pas par le support, puisqu’il s’agit avant tout d’un comic book en ligne.

Les épisodes de 6 pages ne sont pas vraiment des épisodes de 6 pages. En fait, parfois, on a six pages de plus mais la pagination ne correspond pas à l’histoire. En gros, je ne sais pas si Ellis était au courant que ça serait saucissonné comme ça quand il a pondu son script. C’est un peu comme s’il avait écrit des épisodes normaux pour Avatar Press et qu’après, William Christensen avait décidé de lancer le truc à coup de demi-douzaines de planches à chaque mise à jour.

L’histoire avance tranquillement, à son rythme. C’est très bien si on lit plusieurs épisodes d’un coup. Beaucoup moins si on les lit un par un (« ouah, il se passe trop rien dans cet épisode… ouh, j’adore »). Par exemple, j’ai eu l’impression que ça commençait vraiment à partir du #6, soit après plus de 30 pages. Un comble pour un web comic qui devrait pouvoir se lire dans une immédiateté permanente toute sarkozyenne.

Cela dit, ils sont quand même forts, tous les deux (je mets aussi Paul Duffield, le dessinateur, dans le lot). Je ne sais pas combien ils avaient d’avance, mais voilà donc 10 semaines que la BD est publiée au rythme d’un épisode 6 pages *par semaine*. Et c’est quand même de la bonne lecture !

Alors voilà, je viens de lire 10 épisodes. 60 pages. Et la tension monte. Il se passe des choses. Il *va* se passer des choses. Merde. Faut que j’attende une semaine pour lire les 6 prochaines pages. Héhé. Ils m’ont eu, je suis drogué.