Parler français, c’est résister

Vas-y, garçon-vache, dégaine.

Lors d’une discussion récente avec des amis traducteurs de comics, nous avons abordé le sujet épineux de la traduction des titres anglais par… des titres anglais nazes.

 

Ou juste des titres anglais non traduits. Car après tout, pourquoi regarder la Onzième Heure quand on peut regarder Eleventh Hour ? C’est clair que « Very Bad Trip », ça sonne mieux que « la Gueule de Bois » ou « la Tête en Vrac » pour « the Hangover ».


Les cheveux qui poussent à l'intérieur de la tête.

Putain, bientôt, on aura tellement honte de parler français qu’il faudra prendre un accent anglais (idéalement, un accent hollywoodien) pour se faire entendre. Monsieur Dusnob était un précurseur.

Mais ça ne me fait pas rire. Je trouve ça consternant. Tout ça participe à un vaste plan de connerisation de la société française.

– Transformons-les en abrutis, ils seront plus facile à contrôler.
– Attendez, patron, ils sont déjà pas mal, vous croyez pas ?
– Nous pouvons faire mieux, Nicolas.
– Sérieux ?
– YES WE CAN.

Si on nous vole notre langue, nous ne pourrons plus organiser la résistance. Et si la langue qu’on nous laisse en retour n’a que 150 mots de vocabulaire et aucune syntaxe cohérente, nous ne pourrons même plus penser correctement. Et là, on sera prêts pour la moisson.

La défense du français est un combat quotidien dans lequel chaque balle compte. Ne gaspillez pas vos cartouches et ne laissez pas l’ennemi franchir nos lignes.

Je trouve ça super d’être traducteur de comics, on est en première ligne pour lutter contre l’acculturation. Même si j’ai bien conscience qu’en participant à l’importation de la culture américaine sur le sol français, on est pareillement complices du système, à un autre niveau. C’est pourquoi le rôle de l’agence de traduction de bande dessinée MAKMA est capital, pour maintenir un certain niveau de langue et lutter contre l’anglicisation de la pensée via la transcréation !

Le Professeur Xavier est pas foutu de parler la France.

Au niveau du « plus ce change, plus ce même chose » dont les auteurs de comics n’ont pas forcément conscience mais dont ils perpétuent le modèle et le message : n’essayez pas de changer le monde, nous sommes arrivés à la fin de l’histoire. Il n’y a pas d’alternative. Toute résistance est inutile. Rendez-vous. Consommez.

Rien à branler.

Vas-y, garçon-vache, dégaine.

Vive la France.