Will Eisner : les clés de la BD

Je viens de lire le deuxième tome des « Clés de la Bande Dessinée » par Will Eisner, sorti récemment aux éditions Delcourt. C’est un ouvrage de référence qui devrait figurer dans toutes les bibliothèques et surtout dans tous les CDI. Le propos du maître est limpide, accessible et formateur. C’est une bonne introduction à la réflexion sur la dramaturgie de l’art séquentiel.

Les clés de la BD (tome 2)

Contenu et contenant

Le lecteur s’attend à ce que la BD imprimée revête une forme familière. Un format non conventionnel modifiera sa perception de l’histoire tout en ayant une influence sur la narration graphique. La façon de raconter une histoire doit être adaptée au message qu’on veut transmettre.

Qu’est-ce que l’image en bande dessinée ?

C’est un souvenir ou une idée. Plus une image est reconnaissable, plus elle est lisible. En évoquant une expérience commune (entre l’auteur et les lecteurs), elle évoque la réalité.

Un stéréotype est une idée ou un trait de caractère standardisé. Par exemple, certains traits physiques sont communément associés à une activité, de même que la façon de tenir un outil, par exemple (ou une arme).

Au départ, le stéréotype est un symbole reproductible permettant la simplification des images. Aussi, pour appuyer son propos, on peut utiliser le symbolisme en transférant à certains objets ou accessoires une charge d’émotion ou de sens qu’ils n’ont pas intrinsèquement.

Les clés de la BD t2 (Delcourt)

Le contrat auteur-lecteur

Avant tout acte de lecture, il existe un accord implicite entre le conteur et le récepteur. D’une part, le conteur s’attend à ce que le public comprenne. D’autre part, le public attend de l’auteur qu’il délivre un message compréhensible.

Idéalement, l’auteur doit garder le contrôle du lecteur et maintenir son intérêt. Pour cela, il procède en deux étapes : d’abord, il capte l’attention, puis (quand c’est fait), il retient cette attention.

L’auteur ne met pas tout dans une histoire, et encore moins dans une bande dessinée. Il y a beaucoup de non dit et les ellipses narratives sont légion. Le lecteur peut combler les blancs en puisant dans son expérience et dans ses influences (culturelles entre autres : cinéma, TV, lectures…).

L’auteur s’appuie également sur l’empathie du lecteur (sa capacité à souffrir quand les personnages souffrent) qui sert alors de conducteur pour raconter une histoire.