Alan Moore : fond et forme du récit

Le Doc Manhattan voit les ficelles de notre spectacle de marionnettes.

Dans l’essai Writing for Comics, Moore remarque que les années 80 ont vu l’arrivée d’une certaine qualité de narration cinématographique (un progrès par rapport à ce qui se faisait autrefois), il insiste sur le fait que la BD ne doit pas se limiter aux outils du cinéma. En effet, elle ne peut rivaliser dans le mouvement et dans le son : il faut aller au-delà. Inventer des outils qui soient propres à la BD.

Par exemple, l’esprit humain peut encaisser beaucoup plus de détails en bande dessinée qu’au cinéma. Grâce à la possibilité de lire à son rythme. Grâce à la possibilité de revenir en arrière facilement en tournant les pages. Ces possibilités, il faut s’en servir et ne pas les ignorer pour faire du « sous-cinéma ».

Pour toucher le lecteur, l’auteur de comics s’appuie sur la structure de son histoire, sur son rythme, et sur sa technique de narration. Il n’y a pas de recette miracle pour toucher son lecteur, tout simplement parce qu’il n’existe pas de lecteur « moyen » de BD. Il faut écrire pour soi et pour ce qu’on partage avec le reste de l’humanité : analyser ce qui provoque chez nous telle ou telle émotion et pourquoi ça a cet effet sur nous. Ensuite, on garde ça en tête et on tente de provoquer la même émotion chez le lecteur.


"Souriez !", dit le Joker.

Alors, quelle forme donner à son récit ? Ce n’est pas une question à traiter à la légère (et elle est au centre de toute l’œuvre de Moore) car la forme donne de l’unité et du sens au récit. Pour cela, Moore recommande d’étudier avec soin les transitions entre les scènes et le rythme de la narration.