LaCollection : le web3 au service de l’art

Edmond Tourriol de MAKMA & Jean-Sébastien Beaucamps de LaCollection.

Dans le cadre du programme Cultur’Export USA auquel je participe avec MAKMA, j’ai rencontré Jean-Sébastien Beaucamps, cofondateur de LaCollection, plateforme web3 de premier plan, dédiée à l’art et à la technologie. Depuis sa création, la société a rassemblé plus de 12.000 collectionneurs de 150 pays, élargi son équipe à seize personnes, collaboré avec des partenaires prestigieux, et ouvert de nouvelles catégories de contenu. En 2022, LaCollection a levé 10 millions de dollars lors d’un tour de financement.

La plateforme propose aux collectionneurs de découvrir et posséder des œuvres d’art exceptionnelles sous forme de NFT, provenant des meilleurs musées et artistes numériques du monde. Chaque NFT est authentifié, approuvé par l’institution ou l’artiste concerné, et sécurisé sur la blockchain. Les collectionneurs peuvent créer leurs propres galeries d’art numérique inter-musées, favorisant une nouvelle communauté de passionnés d’art et d’innovation.

Jean-Sébastien, peux-tu nous parler de ta société, de ce que tu vends, à qui tu le vends et quels sont les avantages de ce que tu proposes ?

Bonjour Edmond, ravi de faire cette interview avec toi. Donc voilà, je suis le cofondateur de la société qui s’appelle LaCollection. C’est une société spécialisée dans le web3 et qui vise à aider les institutions culturelles à embrasser le web3 et à tirer profit de cette nouvelle technologie pour toucher une audience plus jeune et plus internationale, et aussi améliorer leur image de marque à travers l’innovation. On travaille avec des musées comme le British Museum, le Léopold Museum, le Museum of Fine Arts de Boston, mais également dans le milieu de l’édition, avec des maisons comme Calmann-Lévy du groupe Hachette, ou avec des sociétés comme Dupuis. On collabore aussi avec des institutions culturelles comme l’Agence France-Presse concernant la photographie.

Comme tu le sais, je travaille dans la bande dessinée, donc quand tu parles de Dupuis, ça me parle. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu fais justement avec les éditions Dupuis ?

Alors avec Dupuis, on a testé un cas d’usage assez original puisqu’on a voulu tirer profit des 100 ans de Dupuis pour fêter Spirou, qui est un peu la mascotte de Dupuis. L’idée, c’était d’utiliser un outil très innovant, les NFT dans le web3, pour pouvoir promouvoir les premières planches, celles qui ont été publiées il y a presque 100 ans, à travers le journal de Spirou ou les premières bandes dessinées sur les premières cartes, celle de Spirou. Finalement, c’est un voyage dans le temps qui se fait à partir d’un outil très contemporain.

Selon toi, qu’est-ce que LaCollection et les NFT peuvent apporter aux auteurs de bandes dessinées ?

Alors, c’est un point fondamental et c’est probablement la raison d’être des NFT. Le premier cas d’usage avec les NFT a été sur l’art numérique, et de manière générale, ça vient résoudre un gros problème que rencontrent tous les artistes, que ce soit les dessinateurs de bande dessinée, les dessinateurs pour des galeries d’art, les peintres ou les sculpteurs. En fait, tout artiste qui, aujourd’hui, est censé toucher ce qu’on appelle le droit de suite. Le droit de suite, c’est ce qui permet à tout artiste de toucher des royalties, une commission sur les ventes futures sur le marché secondaire. Donc, une vente primaire étant la première vente, et puis ensuite on sait qu’il y a tout un marché secondaire qui se développe entre collectionneurs. Parfois, un artiste voit une œuvre vendue à, disons, 10 000 € aujourd’hui, revendue 1 million d’euros 10 ans plus tard, et ce droit de suite, qui est censé s’appliquer, ne s’applique pas dans 90 % des cas. Pourquoi ? Parce qu’on fait face à une législation nationale, ce qui limite le monde juridique à ses frontières nationales. Donc, pour donner un exemple concret, un artiste français qui vend à un collectionneur américain une œuvre à 10 000 €, si dans une semaine cette même œuvre est vendue par ce collectionneur aux États-Unis pour 1 million d’euros, l’artiste qui est censé toucher un droit de suite, c’est-à-dire une commission sur cette vente, ne touchera rien parce que l’œuvre n’est pas revendue en France. La blockchain permet une transparence totale des ventes, surtout sur le marché secondaire. Une transaction ne peut pas être validée si une commission, qui est équivalente à ce droit de suite, n’est pas versée à l’artiste. Donc, c’est une garantie transfrontalière de toucher un revenu sur toutes les ventes du marché secondaire, non seulement sur la deuxième ou la troisième vente, mais aussi sur toutes les ventes ultérieures, même si c’est dans 100 ans, et si l’artiste est encore vivant, il touchera une commission également sur ses œuvres.

Alors pour finir cette entrevue, est-ce que c’est une bonne idée de conseiller à tous les artistes de venir frapper à la porte de LaCollection ?

Oui, c’est une bonne idée, mais il y a différentes manières de frapper à la porte de LaCollection. La première, c’est de faciliter l’accès direct entre un artiste et sa communauté de fans. L’idée de LaCollection, c’est de faciliter l’interaction directe entre l’artiste et sa communauté de fans, d’entendre ses encouragements, et puis également d’entendre ses retours et de permettre aux artistes de faire évoluer leur art. Voire même de permette aux fans de participer au processus créatif de l’artiste, et d’embarquer complètement une communauté dans tout le processus créatif. C’est rendu possible par l’aspect extrêmement communautaire du web3. C’est le principe même du web3 : tout détenteur d’un NFT en lien avec un artiste ou avec une œuvre sera, à un moment ou à un autre, sollicité directement afin de prendre des décisions qui peuvent être autour de l’histoire ou de la démarche artistique. Après, l’autre intérêt, au-delà de cette interaction, c’est également de monétiser cette audience et, suite à ces retours, de pouvoir réfléchir à des projets qui font du sens pour cette communauté. L’idée, ce n’est pas juste de faire de l’argent, c’est d’entendre quelles sont les attentes de cette communauté, et de réfléchir à une vente qui viendra combler ces attentes. Du coup, tout le monde sera gagnant, l’artiste et la communauté.

Super, merci Jean-Sébastien, peut-être à un de ces jours autour d’un projet MAKMA, et à très bientôt sur LaCollection.io !