Mokusatsu

Mokusatsu

« Mokusatsu » : l’impact tragique d’une mauvaise traduction. En tant que traducteur professionnel, je suis souvent confronté à la lourde responsabilité de transmettre fidèlement le sens d’un texte. Même si ce n’est pas en localisant des bandes dessinées américaines que je risque de faire beaucoup de dégâts, il arrive parfois qu’une simple erreur puisse avoir des conséquences inattendues, voire catastrophiques. L’un des exemples les plus poignants de l’histoire est la mauvaise traduction du mot japonais « mokusatsu » pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le contexte était tendu. Les États-Unis avaient lancé un ultimatum au Japon, menaçant d’utiliser une nouvelle arme dévastatrice si le pays ne se rendait pas. En réponse, le Premier ministre japonais a utilisé le terme « mokusatsu ». Dans la langue japonaise, ce mot peut signifier « retenir un commentaire » ou « réfléchir en silence ». Cependant, les agences de presse internationales ont traduit ce mot par « pas digne de commentaire », donnant l’impression que le Japon rejetait avec dédain l’ultimatum américain.

Cette erreur de traduction a joué un rôle majeur dans la décision des États-Unis de larguer la bombe atomique sur Hiroshima. Le résultat fut une des plus grandes tragédies du XXe siècle, avec la perte de milliers de vies innocentes.

Cet incident souligne l’importance cruciale d’une traduction précise, surtout dans des situations diplomatiques ou politiques. Les traducteurs se doivent toujours d’être conscients des nuances culturelles et linguistiques, et de reconnaître que chaque mot a un poids, une histoire et un contexte.

Le cas de « mokusatsu » est un rappel cruel de notre responsabilité. Il nous enseigne que la traduction ne consiste pas seulement à remplacer un mot par un autre, mais à transmettre fidèlement le sens, l’émotion et l’intention d’un message. Dans un monde interconnecté, où les mots peuvent déclencher des actions d’une portée immense, nous, traducteurs, devons toujours nous efforcer d’être précis, sensibles et informés.