Thomas Debelle : web-écrivain

Suite et fin de la rencontre avec le cyber-écrivain Thomas Debelle du “Blog around the Corner”… Dans l’épisode précédent, Thomas nous racontait qu’il adorait écrire pour les enfants, notamment sa propre fille !

Thomas Debelle

EFDLT : En gros, ta fille est ta première lectrice. Enfin, c’est à elle que tu racontes tes histoires en premier ?

Thomas DEBELLE : Concernant une série particulière des livres pour enfants que j’espère voir publier un jour, oui ! Après il est clair que mes écrits Cyberpunk regorgeant de stupre et de luxure, le tout dans un univers aussi glauque et nécrosé, est un domaine que j’évite soigneusement pour le moment. Mais pour en revenir aux livres pour enfants, outre le fait que c’est un domaine fascinant, il est clair que l’imaginaire de mes enfants est une source d’inspiration presque inépuisable. Ainsi ma fille est directement à l’origine de certaines thématiques liées à ses propres questionnements ou peurs (les monstres du soir, le partage, la confiance). J’apprécie autant d’écrire pour les enfants que pour les adultes, sachant que mon idée a toujours été d’écrire d’abord pour moi. Et si d’aventure j’arrive à toucher des lecteurs qui se retrouvent dans mes univers, alors c’est sans doute là que réside le Graal de l’écrivain.

EFDLT : Tu publies certaines de tes œuvres sur le net. Je pense notamment au premier chapitre de ton roman « Mémoire Morte » ou à d’autres nouvelles qui se situent dans le même univers. C’est pour mieux toucher tes lecteurs, justement ? Je veux dire : c’est pour établir un lien plus direct avec eux ?

Thomas DEBELLE : L’idée directrice est surtout de voir si j’ai des lecteurs ! Pour le moment j’ai énormément de lecteurs anonymes via les magazines dans lesquels je travaille. Ce que je veux dire par là, c’est que « mon écriture » touche déjà un vaste lectorat, mais qui ne me connait pas du tout ou simplement comme le journaliste qui a signé un papier sur Alien, Punisher ou Le Prisonnier. Sachant que le monde de l’édition est aussi impitoyable que celui de Dallas, je suis parfaitement conscient que parvenir à se faire éditer est un véritable parcours du combattant. En outre je peux aussi n’avoir aucun talent d’écrivain, ce que je n’espère pas. Enfin (et surtout) je sais que parvenir à se faire éditer est aussi une affaire de chance : chance de proposer le bon récit au bon moment et à la bonne personne. Pour mémoire, J.K. Rowling a mis 7 ans avant de vendre Harry Potter, non sans essuyer de très nombreux refus (Disney ayant même refusé de produire les films malgré le succès en libraire car jugeant la saga trop anglaise !). Et les exemples de cet acabit sont légions (Truismes pour n’en citer qu’un autre).

Puis je me suis dit que le net était un véritable espace vierge de liberté, que de nombreux chanteurs ou cinéastes amateurs utilisaient la toile pour promouvoir leur travail, et qu’il y avait peut-être moyen de rencontrer un lectorat en publiant certains de mes écrits en ligne. Étant donné que j’avais déjà mon blog que j’ai rapidement développé jusqu’à en faire un site Internet fonctionnant à la manière d’une fenêtre ouverte sur mon univers personnel, je me suis dit que je pouvais publier un truc en ligne et voir les réactions.

D’ailleurs je profite de l’occasion pour faire une parenthèse sur le sujet de l’interaction avec les internautes qui, dans le cadre d’un blog, est très très très difficile à mettre en place. Après plus d’un an d’existence, j’ai parfois le sentiment d’être un peu seul sur mon blog. Mais je pense que c’est le lot de nombreux blogs et la conséquence d’une explosion du phénomène…   Parfois un peu démoralisant – et causant l’abandon et la fermeture de nombreux blogs – mais je ne compte pas baisser les bras car ça m’éclate pour le moment.

Pour en revenir à mes romans en ligne, j’espère qu’ils me permettront effectivement de toucher des lecteurs, d’établir un lien plus direct avec eux et peut-être demain d’avoir la chance de trouver un éditeur et le chemin des librairies, et ce même si je pense continuer à publier des choses en ligne durant de longues années.

EFDLT : Tu dis que tu es sur le net pour faire ta promo. Dans ce cas, pourquoi brouiller ton image avec un pseudo ?

Thomas DEBELLE : Non je ne suis pas vraiment sur le net pour faire ma promo, mais plutôt pour partager avec d’autres mes écrits. Après il est évident que l’idée est de me faire connaître et de rencontrer un éditeur, le net devenant une vecteur de communication supplémentaire pour… ah ben si pour faire ma promo ! Ouais mais j’aime pas ce terme car on dirait que j’ai un truc à vendre, alors que je ne veux que partager ce que je fais (pour le moment, je ne dis pas que demain je ne voudrais pas partager ce que je fais contre de l’argent pour continuer à faire ce que je fais justement !). Bref laissons-là ses élucubrations sémantiques pour en venir à ta vrai question concernant le pseudo. Mes romans sont bien signées par mon nom – Thomas Debelle – il n’y a que sur mon blog que je signe « Bree », sachant qu’il y a des liens immédiats vers mes romans et nouvelles que je signe donc de mon vrai nom. En outre il y a un lien vers une fiche wikipédia sur les sites de romans, ce qui fait que n’importe qui peut savoir que l’auteur du Blog Around The Corner, c’est moi. Mais comme je le faisais à l’époque du Burton’s Club en radio où je me faisais appeler Burton, l’idée du pseudo permet aussi d’installer une sorte de distance imaginaire : tu n’as plus en face de toi Monsieur Dupont, mais une sorte de concept qui permet d’entre plus facilement dans l’univers proposé. Cependant pour mes romans, je signe de mon nom car c’est bien sous mon nom que je veux que ces livres soient un jour publiés. Et s’ils ne le sont jamais, ils le seront malgré tout sur la toile sous mon vrai nom … Enfin je n’ai pas de prétentions égocentriques, bien au contraire, pour vivre heureux, vivons cachés et un peu parano ! Mon unique ambition c’est de pouvoir vivre de mon écriture et d’être payé pour faire ce que j’aime. J’y arrive déjà en partie grâce à mon métier, si je pouvais ajouter la littérature en complément se serait idéal.

EFDLT : D’ac. En guise de conclusion, aurais-tu un conseil d’écriture à donner à ceux qui voudraient se lancer dans la rédaction d’une nouvelle, par exemple ?

Thomas DEBELLE : Je crois qu’il n’y a pas vraiment de secret, c’est avant tout une question d’envie, de besoin et de passion. Ecrire réclame une certaine discipline personnelle car il n’est pas rare qu’une session d’écriture n’aboutisse à rien de bon, du moins sur le moment. Mais même dans ces cas-là, il est important de continuer à écrire pour entretenir son imaginaire et sa plume. Il faut donc écrire souvent, le plus souvent possible pour voir son écriture évoluer, s’affiner au fil des ans. Et même si ce que vous écrivez n’est pas bon ou structuré, l’important est d’abord de satisfaire son envie de mettre par écrit des histoires. Après le talent c’est un autre débat sur lequel je n’ai pas vraiment d’avis, les goûts et les couleurs variables d’un individu à l’autre. Et quand on a la chance, comme toi et moi, de pouvoir vivre de notre soif de raconter des choses, l’exercice d’écriture devient vraiment fascinant, sachant que toi tu as clairement réussi ton pari à la force des petits bras musclés puisque tu es désormais un auteur accompli et publié… ce qui n’est pas encore mon cas en dehors des magazines dans lesquels je travaille.

Merci pour entretien et à très vite j’espère beau gosse !

EFDLT : Et il est modeste, en plus ! Merci, p’tit gars. Tu as raison : écrire tous les jours. Je vais essayer ça, tiens…

Retrouvez la première partie de cet entretien ici : cyber-romancier.

Et la deuxième partie ici : écrivain 2.0.